top of page

L'affaire Veolia Suez : les points clés à savoir

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021



Antoine Frérot, PDG de Veolia, le leader mondial des services à l’environnement, a déposé ce dimanche 30 août auprès d’Engie une offre de rachat de sa participation dans Suez, offre qui a rapidement été rejetée par le directeur général du groupe industriel énergétique Jean-Pierre Clamadieu. En effet, Veolia a remis à Engie une offre à 2,9 milliards d'euros en vue de lui racheter 29,9% soit la quasi-totalité de sa participation actuelle (32%) dans son concurrent Suez Cette décision de Veolia s’explique pour une bonne raison, qui va au-delà du fait que Suez est un concurrent historique du groupe non seulement national depuis la deuxième moitié du 19ème siècle mais aussi mondial. En effet, dans le cadre de la mondialisation les préoccupations environnementales sont croissantes, entraînant ainsi une demande croissante des services liés aux collectivités à savoir le traitement des déchets, de l'eau ou encore de l’énergie. La compagnie dirigée par Antoine Frérot l'a bien compris et le groupe souhaite aujourd'hui s’emparer d’un marché annuel évalué à 1400 milliards d'euros et confirmer sa place de leader mondial dans le secteur en rachetant le numéro deux mondial des services à l'environnement. Réunis, Veolia et Suez pourraient représenter près de 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Cependant l'annonce faite par Veolia le 30 août a rapidement été rejetée par Suez, en insistant bien sur le caractère non sollicité de cette démarche. Bertrand Camus, le directeur général de la société, s’est fermement opposé à l'offre de rachat de Veolia précisant qu'elle serait « aberrante pour Suède Suez et funeste pour la France. » Il a ajouté que la démarche de Veolia « n'est ni amicale ni pertinente. Elle nie la spécificité de nos valeurs de notre culture et de notre projet stratégique. » Il évoque également le projet d’Antoine Frérot en disant qui n'a pour seul but que de supprimer des milliers d'emplois et de démanteler l'activité de Suez en France.

Quant à lui, le président du conseil d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, s'est montré plus ouvert à l'offre de Veolia. Il a reconnu que cette dernière présentait des éléments intéressants et pourrait représenter une solution rapide afin de permettre à Engie de se recentrer sur ses activités les plus rentable. Il a cependant déclaré « le compte n’y est pas » en parlant du montant de l’offre et précise vouloir examiner toute offre qui se présenterait.


Veolia s’est une nouvelle fois défendu en faisant valoir le fait que le rachat de Suez contribuerait à créer un champion français dans le secteur de l'eau et de la gestion des déchets qui serait mieux placé pour repousser la concurrence émergente des rivaux chinois.

En outre, un éventuel rachat de Veolia des parts détenues par Engie dans Suez soulèverait plusieurs problèmes, liés notamment à la concurrence ou encore à l'État français. Un rapprochement entre Veolia et Suez qui représentent à eux deux 60 % des parts de marché au niveau de la distribution de l'eau en France pourrait faire surgir des questions concernant l'emprise du groupe sur ce secteur. C'est pourquoi l'Autorité de la concurrence doit au préalable validé une telle opération. En revanche, Veolia a cherché à prévenir d'éventuels problèmes de concurrence en acceptant déjà de vendre les activités françaises de Suez dans le secteur de l'eau au fonds d'infrastructure Meridiam, pour un montant non divulgué, si le rachat se réalise.


Par ailleurs, l'État français pourrait avoir son mot à dire concernant un possible mariage entre Veolia et Suez dans la mesure où ce dernier est l'actionnaire de référence du groupe Engie (il en détient notamment 23,6% du capital). Le ministre de l'économie Bruno le maire a notamment affirmé que « l'État sera vigilant aux engagements que prendra Veolia en termes de maintien de l'emploi en France, et de conservation des actifs stratégiques pour la France ». Enfin, l'union entre deux entreprises historiquement rival telles que le son Veolia et Suez pourrait entraîner certaines complications concernant la culture d'entreprise et la hiérarchie du groupe formé par ce rapprochement.

Le mercredi 9 septembre le conseil d'administration de Suez a réitéré son opposition à l'offre de rachat de Veolia et est même allé jusqu'à révéler son intention de lancer une contre-OPA face à l'offensive du groupe d'Antoine Frérot. En effet, Suez souhaiterait maintenant racheter les parts détenues par Engie et ce avec l'aide des deux fonds français de Private Equity Ardian et Antin Infrastructure Partners.

Après l’annonce de Veolia du 30 août, le cours de Suez s’est envolé en bourse. L’action a augmenté de près de 25% pour atteindre 15,25 euros ce jeudi 10 septembre (alors qu’elle s’élevait à 12,24 euros le 28 août). L’annonce de Veolia a pu paraître étonnante aux yeux des investisseurs, mais elle n’a pourtant rien de surprenant. En 2006 déjà, Veolia s’était associé à l’italien Enel dans le but de s’emparer de Suez.


Pour conclure, le projet de rachat de Veolia comporte de nombreux obstacles et semble à ce jour compromis par l’opposition farouche de la direction du groupe Suez mais également de ses syndicats qui ont déjà manifesté leur mécontentement à l’idée d’un éventuel rapprochement entre les deux géants français.


Author: Ethan Stofize

Contact: ethan.stofize@hec.edu

Date: 11-Sept-2020

25 vues0 commentaire
bottom of page